Hypoglycémie et hyperglycémie sévères causées par les médicaments contre le diabète : protocoles d'urgence
Morgan DUFRESNE 21 décembre 2025 2 Commentaires

Quand un diabétique perd connaissance à cause d’un taux de sucre trop bas, ou qu’il est en coma à cause d’un taux trop élevé, chaque minute compte. Ce n’est pas une simple alerte : c’est une urgence vitale. Et pourtant, trop de personnes ne savent pas quoi faire, ou pire, font exactement le contraire de ce qu’il faut.

Que signifie une hypoglycémie sévère ?

Une hypoglycémie sévère, c’est quand le taux de glucose dans le sang tombe en dessous de 54 mg/dL (3,0 mmol/L) et que la personne ne peut plus se soigner elle-même. Elle est confuse, tremblante, ou pire : inconsciente. Ce n’est pas une simple gêne. C’est une urgence médicale. La plupart du temps, elle est causée par une surdose d’insuline, un repas manqué, ou une activité physique intense sans ajustement du traitement.

Les médicaments qui causent le plus d’hypoglycémies sévères ? L’insuline. Et aussi certains antidiabétiques oraux comme les sulfamides ou les méglitinides. Même les nouvelles molécules, comme les SGLT2, peuvent provoquer des baisses inattendues, surtout en cas de déshydratation ou d’infection.

Le pire ? Les personnes concernées ne sont pas toujours préparées. Selon une étude de Beyond Type 1 en 2022, 63 % des personnes atteintes de diabète de type 1 ont déjà vécu une hypoglycémie sévère nécessitant l’aide d’un tiers. Mais seulement 41 % portaient toujours du glucagon avec elles. Pourquoi ? Parce qu’elles ont peur de mal l’utiliser. Ou parce qu’elles ne l’ont jamais appris à le faire.

Que faire en cas d’hypoglycémie sévère ?

Si la personne est consciente et peut avaler : donnez-lui 15 grammes de sucre rapide. Quatre comprimés de glucose, 150 ml de soda classique (pas light), ou 1 cuillère à soupe de miel. Attendez 15 minutes. Vérifiez à nouveau. Si le taux est toujours bas, répétez.

Mais si elle est inconsciente, ne mettez rien dans sa bouche. Pas de jus, pas de sucre, pas de cuillère. Risque d’étouffement. Risque de mort.

La seule solution : du glucagon. Et pas n’importe quel glucagon. Les anciens kits, avec leur poudre à mélanger et leur seringue à reconstituer ? Beaucoup n’ont jamais été utilisés. Trop compliqués. Trop lents. Les nouveaux dispositifs, comme Baqsimi (poudre nasale) ou Gvoke (auto-injecteur liquide), changent tout. Avec Baqsimi, il suffit d’insérer la poudre dans une narine et d’appuyer. En 10 à 15 minutes, le taux de sucre remonte. Avec Gvoke, on presse sur la cuisse ou le bras. Pas besoin de mélanger. Pas besoin de savoir lire une notice. Juste presser et tenir 5 secondes.

La réussite ? 93 % des cas traités avec ces nouveaux dispositifs. Et le temps d’administration ? 27 secondes contre plus de deux minutes pour les anciens kits. C’est une révolution. Et pourtant, seulement 78 % des assurances couvrent ces nouveaux produits. Les autres restent avec des kits obsolètes, inutilisés, périmés.

Et l’hyperglycémie sévère ? Ce n’est pas la même urgence

L’hyperglycémie sévère, c’est une autre bataille. Deux formes principales : la cétose acido-diabétique (DKA) et l’état hyperosmolaire hyperglycémique (HHS). Dans les deux cas, le taux de sucre dépasse 250 mg/dL. Mais ce qui fait la différence, c’est la présence de cétones.

La DKA, c’est le diabète de type 1 en crise. Le corps, privé d’insuline, brûle les graisses à la place du sucre. Cela produit des acides toxiques : les cétones. Le sang devient acide. Le patient respire fort, a une haleine fruitée, vomit, est très fatigué. Si rien n’est fait, il entre en coma. La mortalité sans traitement ? 70 %. Avec traitement ? 1 à 5 %.

L’HHS, plus courant chez les diabétiques de type 2 âgés, est plus silencieux. Le taux de sucre peut monter à 600 mg/dL ou plus. Le corps se déshydrate gravement. Le patient devient confus, somnolent, puis inconscient. Pas de cétones, mais une concentration extrême de sucre dans le sang. Mortel aussi, mais plus lentement.

La réponse ? Pas de glucagon. Pas de sucre. Pas d’insuline en injection sous-cutanée si c’est grave. Seule la voie intraveineuse compte. Et elle nécessite trois choses : des liquides pour réhydrater, du potassium pour rééquilibrer les électrolytes, et de l’insuline intraveineuse continue. Un traitement qui ne se fait qu’à l’hôpital. Et vite. Toute tentative de traiter cela à la maison avec une dose supplémentaire d’insuline peut tuer : une baisse brutale du potassium provoque des arythmies cardiaques.

Personne administre un glucagon nasal à un patient inconscient en milieu hospitalier, avec un dispositif moderne en évidence et un graphique de hausse du sucre en bulle.

Les erreurs qui tuent

Les erreurs les plus fréquentes ? Elles sont simples, mais mortelles.

  • Donner du sucre à une personne inconsciente → risque d’étouffement.
  • Administer du glucagon à une personne en DKA → ça aggrave la cétose.
  • Attendre 12 heures après les premiers signes de DKA → la mort devient probable.
  • Ne pas vérifier les cétones quand le taux de sucre dépasse 250 mg/dL → on ne sait pas si c’est une DKA ou juste une hyperglycémie.
  • Ne pas avoir de glucagon à portée de main → on attend que quelqu’un d’autre intervienne, et trop de temps passe.

Un cas documenté par la FDA : un patient a pris une dose supplémentaire d’insuline parce qu’il avait un taux élevé, sans vérifier les cétones. Il est entré en hypokaliémie sévère. Son cœur a arrêté. Il est mort.

Être prêt, c’est sauver des vies

La prévention, c’est la clé. Et ça commence par un kit d’urgence bien préparé. Ce qu’il faut avoir à la maison, dans le sac, dans la voiture :

  • Un dispositif de glucagon à usage immédiat (Baqsimi ou Gvoke)
  • Des comprimés de glucose (4 g chacun, pour les cas légers)
  • Un glucomètre et des bandelettes
  • Des bandelettes de test de cétones (urinaires ou sanguines)
  • Une liste de contacts d’urgence avec les numéros du médecin, de l’hôpital, et du proche qui sait utiliser le glucagon

Et surtout : pratiquez. Pas une fois. Pas juste avant un voyage. Chaque trimestre. Les études montrent que sans entraînement régulier, 55 % des proches oublient comment faire. Avec un entraînement de 30 minutes en vidéo, 89 % réussissent à administrer le glucagon correctement.

Les écoles, les lieux de travail, les familles doivent être formés. Un cas récent sur Reddit : une enfant de 8 ans a eu une hypoglycémie à l’école. La surveillante n’a pas osé utiliser le glucagon parce qu’elle n’avait jamais été formée. Il a fallu appeler les pompiers. 45 minutes perdues. Elle a eu une séquelle neurologique.

Groupe diversifié s'entraînant à utiliser un simulateur de glucagon dans un centre communautaire, avec des affiches explicatives au mur et une ambiance chaleureuse.

Les avancées qui changent la donne

En 2023, la FDA a approuvé le premier système de pancréas artificiel à double hormone : le Beta Bionics iLet. Il détecte une baisse de sucre en prévision, et injecte automatiquement une micro-dose de glucagon. Résultat ? Une réduction de 72 % des épisodes d’hypoglycémie sévère dans les essais cliniques.

Et les nouveaux glucagons ? Le dasiglucagon, en phase 3, agit en 2 minutes. Il devrait être disponible en 2024. Plus rapide, plus stable, plus fiable.

Mais le vrai progrès, ce n’est pas la technologie. C’est l’accès. Aux États-Unis, les patients noirs et hispaniques sont 2,3 fois plus nombreux à être hospitalisés pour hypoglycémie sévère que les Blancs. Parce qu’ils n’ont pas les moyens. Parce que les assurances refusent. Parce que les médecins ne prescrivent pas.

En Europe, depuis janvier 2023, tous les flacons d’insuline doivent être accompagnés d’un guide d’urgence. C’est un début. Mais il faut aller plus loin.

Que faire maintenant ?

Si vous ou un proche prenez de l’insuline :

  1. Demandez à votre médecin une ordonnance pour du glucagon à usage immédiat. Pas le kit de 1980. Le nouveau.
  2. Enregistrez-vous sur une vidéo de formation. La ADA propose des tutoriels gratuits en ligne.
  3. Pratiquez avec un simulateur de glucagon. Ils sont vendus pour 20 €. Faites-le avec votre partenaire, vos enfants, vos collègues.
  4. Ne laissez jamais un glucomètre périmé dans un tiroir. Vérifiez les dates. Changez les bandelettes.
  5. Si vous voyez un taux de sucre >250 mg/dL avec des cétones, allez à l’hôpital. Pas demain. Maintenant.

Une hypoglycémie sévère, c’est un appel à l’aide. Une hyperglycémie sévère, c’est un cri. Ne les ignorez pas. Ne les sous-estimez pas. La technologie existe. La formation aussi. Ce qu’il faut, c’est agir.

Quelle est la différence entre une hypoglycémie légère et une hypoglycémie sévère ?

Une hypoglycémie légère, c’est quand le taux de sucre est entre 54 et 70 mg/dL. La personne est consciente, elle peut se soigner elle-même avec 15 g de sucre rapide. Une hypoglycémie sévère, c’est quand le taux tombe en dessous de 54 mg/dL et que la personne ne peut plus se soigner : elle est confuse, tremble, ou perd connaissance. Dans ce cas, elle a besoin d’aide extérieure, et surtout de glucagon.

Peut-on utiliser du glucagon en cas d’hyperglycémie ?

Non. Le glucagon fait monter le taux de sucre. En cas d’hyperglycémie sévère, surtout en DKA ou HHS, cela aggraverait la situation. Le traitement de l’hyperglycémie sévère repose sur des liquides, du potassium et de l’insuline par voie intraveineuse. Administer du glucagon dans ce cas est dangereux, voire mortel.

Pourquoi les nouveaux glucagons sont-ils meilleurs que les anciens kits ?

Les anciens kits nécessitent de mélanger une poudre avec un liquide, puis de remplir une seringue. C’est complexe, long, et souvent mal fait. Les nouveaux dispositifs - comme Baqsimi (nasal) ou Gvoke (auto-injecteur) - sont prêts à l’emploi. Pas de mélange, pas de seringue. On utilise en 27 secondes, contre plus de deux minutes pour l’ancien. 83 % des aidants réussissent à les utiliser, contre seulement 42 % pour les anciens kits.

Faut-il toujours vérifier le taux de sucre avant d’administrer du glucagon ?

Idéalement, oui. Mais si la personne est inconsciente et qu’on ne peut pas mesurer son taux, on ne doit pas attendre. L’American Diabetes Association recommande : si vous soupçonnez une hypoglycémie sévère, administrez le glucagon. Il est sûr. Même si le taux n’est pas aussi bas que prévu, le risque de ne rien faire est bien plus grand.

Quels sont les signes d’une hyperglycémie sévère à ne pas ignorer ?

Une respiration rapide et profonde, une haleine qui sent les fruits (comme les pommes ou le vernis à ongles), des nausées ou des vomissements, une grande soif, une fatigue extrême, une confusion, ou une somnolence. Si le taux de sucre dépasse 250 mg/dL et que vous avez un test de cétones positif, c’est une urgence. Allez à l’hôpital immédiatement. Ne pas attendre.

2 Commentaires
Nicolas Mayer-Rossignol
Nicolas Mayer-Rossignol

décembre 22, 2025 AT 05:28

Donner du glucagon à quelqu’un qui a un taux de sucre à 300 ? Génial. Et pourquoi pas lui donner un coup de poing aussi pendant qu’on y est ? 😏

Rémy Raes
Rémy Raes

décembre 22, 2025 AT 08:59

Je suis allé à l’hôpital avec mon père il y a deux ans. On a eu le kit de 1980. La tante du médecin a dû nous montrer comment faire. On a mis 12 minutes. Il s’est réveillé… mais j’ai jamais oublié la panique. Les nouveaux trucs, c’est la vie ou la mort. Merci pour ce post.

PS : j’ai acheté un Gvoke hier. J’ai mis une photo sur Instagram. J’ai 3 likes. Personne ne comprend.

PPS : je suis pas un pro, mais je sais pas quoi faire si je vois un truc bizarre. Et j’ai peur de faire une connerie.

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