Le zona, c’est plus qu’une simple éruption cutanée douloureuse. C’est une complication du virus de la varicelle qui peut vous poursuivre des mois, voire des années, sous forme de douleurs chroniques appelées névralgie post-herpétique. En France, plus de 300 000 cas sont diagnostiqués chaque année, surtout chez les personnes de plus de 50 ans. Heureusement, il existe un vaccin extrêmement efficace : Shingrix, le vaccin recombinant contre l’herpès zoster. Mais qui doit vraiment le recevoir ? Et pourquoi ce vaccin a remplacé tous les autres ?
Le vaccin recombinant, c’est quoi exactement ?
Shingrix n’est pas un vaccin vivant. Contrairement à l’ancien Zostavax, qui contenait une version affaiblie du virus de la varicelle, Shingrix ne contient qu’une protéine du virus - la glycoprotéine E - associée à un adjuvant puissant appelé AS01B. Cet adjuvant stimule fortement votre système immunitaire, sans risque d’infection. Résultat : une protection bien plus forte et plus durable.
Les données sont claires : Shingrix est efficace à plus de 90 % pour prévenir le zona chez les personnes de 50 à 69 ans, et encore à 91 % chez celles de 70 ans et plus. Pour la névralgie post-herpétique - cette douleur persistante qui peut rendre la vie impossible - l’efficacité dépasse 90 % chez les moins de 70 ans et reste à 89 % chez les plus âgés. Ces chiffres sont sans équivalent. Zostavax, lui, ne protégeait que 51 % des personnes contre le zona, et seulement 67 % contre la douleur chronique.
Depuis 2020, Zostavax n’est plus disponible aux États-Unis, et il est devenu quasi-inexistant en Europe. Shingrix est désormais le seul vaccin recommandé pour la prévention du zona. Il n’y a plus de choix : c’est lui ou rien.
Qui doit absolument se faire vacciner ?
La réponse est simple : toutes les personnes âgées de 50 ans et plus, sans exception. Que vous ayez déjà eu le zona, que vous ayez reçu Zostavax il y a dix ans, ou que vous pensiez ne jamais être concerné - vous avez besoin de Shingrix.
Les experts de l’OMS, du CDC et de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) sont unanimes : la protection diminue avec l’âge, et le risque de complications augmente. Même si vous avez eu le zona à 45 ans, vous pouvez en avoir un deuxième - et cette fois, c’est peut-être pire. Le vaccin réduit ce risque de 90 %, même chez les personnes ayant déjà été touchées.
Et ce n’est pas tout. Depuis 2018, les recommandations ont été élargies : toutes les personnes de 19 ans et plus avec un système immunitaire affaibli doivent aussi se faire vacciner. Cela inclut les personnes atteintes de cancer, de VIH, de maladies auto-immunes comme le lupus ou la sclérose en plaques, celles qui prennent des traitements immunosuppresseurs (pour la greffe, la polyarthrite, ou la maladie de Crohn), ou celles qui vont en recevoir bientôt.
Les personnes immunodéprimées étaient auparavant exclues des vaccins vivants comme Zostavax - trop risqué. Shingrix, lui, est sans danger pour elles. C’est une révolution.
Comment se passe la vaccination ?
Shingrix ne se prend pas en une seule fois. Il faut deux doses. La première dose est administrée par injection dans le bras, au niveau du deltoïde. La deuxième doit être donnée entre 2 et 6 mois après la première. Pour les personnes immunodéprimées, le délai peut être raccourci à 1 à 2 mois, pour une protection plus rapide.
Chaque dose est de 0,5 ml. Le vaccin doit être conservé au réfrigérateur entre 2°C et 8°C, et il doit être reconstitué juste avant l’injection. Il ne peut pas être conservé plus de 6 heures après reconstitution. C’est un vaccin sensible, mais c’est la raison pour laquelle il est si efficace.
Les médecins, les infirmiers et même les pharmaciens peuvent le délivrer. En France, il est remboursé à 100 % pour les personnes de 65 à 74 ans (via la Sécurité sociale), et pour les personnes immunodéprimées de tout âge. Pour les 50-64 ans, le remboursement dépend de votre mutuelle - mais dans la plupart des cas, il est couvert.
Et les effets secondaires ?
Oui, Shingrix peut provoquer des réactions. Mais elles sont temporaires - et elles valent la peine d’être supportées.
Environ 80 % des personnes ressentent une douleur, une rougeur ou un gonflement au point d’injection. Plus de 40 % ont des maux de tête, de la fatigue, ou des courbatures. Un tiers éprouve des frissons. 17 % ont de la fièvre. Ces symptômes apparaissent généralement dans les 24 à 48 heures après la vaccination, et disparaissent en 2 à 3 jours.
Environ 1 personne sur 6 dit avoir été si malade qu’elle a dû arrêter ses activités quotidiennes pendant un jour ou deux. Ce n’est pas anodin. Mais comparez ça à ce que vous ressentez avec un vrai zona : des douleurs brûlantes, des plaies qui mettent des semaines à cicatriser, des nuits blanches, des traitements antidouleurs puissants, parfois des hospitalisations. Ce sont des effets secondaires courts, mais la protection est longue.
Les réactions allergiques graves sont extrêmement rares - moins de 1 cas pour 100 000 doses. Si vous avez eu une réaction allergique sévère à une dose précédente ou à un composant du vaccin, vous ne devez pas le recevoir.
Que faire si vous avez déjà eu Zostavax ?
Beaucoup pensent : « J’ai déjà été vacciné, donc je suis protégé. » C’est faux.
Zostavax offrait une protection limitée, et elle diminue avec le temps. Même si vous l’avez reçu il y a cinq ans, vous n’êtes plus suffisamment protégé. Le CDC et l’ANSM recommandent clairement : recevez Shingrix même si vous avez déjà eu Zostavax.
La bonne nouvelle ? Vous n’avez pas à attendre. Vous pouvez recevoir Shingrix dès que 8 semaines après votre dernière dose de Zostavax. Il n’y a pas de risque de surdosage. Au contraire, vous renforcez votre protection. Ce n’est pas un « double vaccin » - c’est une mise à niveau.
Et si vous avez déjà eu le zona ?
« J’ai eu le zona à 52 ans, je ne l’aurai pas deux fois. » C’est une idée reçue. Le zona peut récidiver. Environ 1 personne sur 3 qui a eu un zona en a un deuxième dans les 10 ans. Et la deuxième fois, c’est souvent plus grave.
Shingrix est recommandé même après un épisode de zona. La vaccination réduit le risque de récidive de plus de 90 %. Il n’y a pas de délai à respecter : vous pouvez vous faire vacciner dès que les lésions cutanées ont complètement cicatrisé - souvent en 2 à 4 semaines.
Combien ça coûte ?
Un kit de Shingrix contient deux doses. Le prix public est d’environ 175 euros. Mais en France, la Sécurité sociale rembourse 100 % pour les 65-74 ans et pour les personnes immunodéprimées de tout âge. Pour les 50-64 ans, la couverture dépend de votre complémentaire santé. La plupart des mutuelles remboursent entièrement ou partiellement.
Le vaccin n’est pas disponible en pharmacie sans ordonnance, mais votre médecin ou votre pharmacien peut vous le prescrire. En cabinet médical, le coût est souvent couvert en totalité si vous êtes dans une tranche d’âge ciblée. En pharmacie, vous payez à l’avance, puis vous êtes remboursé par la Sécurité sociale et votre mutuelle.
Et pour les jeunes adultes ?
Les recommandations s’appliquent aux 19 ans et plus avec un système immunitaire affaibli. Cela inclut les personnes atteintes de cancer, de maladies auto-immunes, celles sous chimiothérapie, corticoïdes à long terme, ou après une greffe. Même si vous avez 25 ans, si vous êtes immunodéprimé, vous êtes dans la cible.
Les jeunes en bonne santé ne sont pas concernés pour l’instant. Mais si vous êtes en contact régulier avec des personnes âgées ou immunodéprimées, vous pouvez en parler à votre médecin : votre vaccination peut protéger indirectement les autres.
Comment être sûr d’être bien protégé ?
Ne vous fiez pas à la mémoire. Vérifiez votre carnet de vaccination. Si vous ne voyez pas deux doses de Shingrix, vous n’êtes pas protégé. Si vous avez une seule dose, vous devez absolument en recevoir une deuxième. Une seule dose réduit le risque de zona de 60 à 70 % - mais ce n’est pas suffisant. La protection optimale ne commence qu’après la deuxième dose.
Si vous avez eu Zostavax, vérifiez la date. Si c’était il y a plus de 5 ans, demandez Shingrix. Si c’était il y a moins de 5 ans, attendez 8 semaines et ensuite, demandez-le. Pas de délai plus long.
Si vous êtes immunodéprimé, parlez-en à votre médecin. Il peut vous aider à planifier la vaccination en lien avec vos traitements. Par exemple, il est souvent mieux de vacciner avant de commencer une chimiothérapie, ou pendant une période de rémission.
Que faire si vous avez des doutes ?
Si vous avez peur des effets secondaires, parlez-en à votre médecin. Il peut vous expliquer que les douleurs après le vaccin sont bénignes et passagères. Si vous avez eu une réaction forte à une première dose, la deuxième peut être administrée avec un traitement antalgique préventif.
Si vous pensez que vous n’êtes pas concerné parce que vous êtes en bonne santé, réfléchissez : le zona ne frappe pas seulement les personnes âgées en mauvaise santé. Il peut toucher n’importe qui ayant eu la varicelle - et c’est le cas de 95 % des adultes.
Le vaccin n’est pas une option. C’est une protection essentielle. Comme le disent les experts : « Le zona n’est pas une maladie bénigne. Et Shingrix n’est pas un vaccin comme les autres. »
Puis-je recevoir Shingrix si j’ai eu la varicelle enfant ?
Oui, absolument. Toute personne ayant eu la varicelle, même très jeune, porte le virus dans ses nerfs. C’est ce virus qui réapparaît plus tard sous forme de zona. Shingrix est conçu précisément pour ces personnes. Si vous avez eu la varicelle, vous êtes dans la cible.
Le vaccin protège-t-il contre la varicelle ?
Non. Shingrix ne protège que contre le zona, c’est-à-dire la réactivation du virus de la varicelle. Pour prévenir la varicelle, il existe un vaccin différent, réservé aux enfants et aux adultes non immunisés. Shingrix n’est pas un vaccin contre la varicelle.
Puis-je me faire vacciner pendant une maladie aiguë ?
Non. Si vous avez une fièvre élevée ou une infection aiguë (comme une grippe ou une pneumonie), attendez d’être rétabli. Un système immunitaire déjà sollicité ne réagit pas aussi bien au vaccin. En revanche, une simple rhinite ou une fatigue légère ne sont pas des contre-indications.
Combien de temps dure la protection de Shingrix ?
Les données actuelles montrent une efficacité supérieure à 90 % pendant au moins 7 ans après les deux doses. Des études de suivi à long terme suggèrent que la protection pourrait durer 15 à 20 ans. Pour l’instant, aucun rappel n’est recommandé. Les autorités sanitaires continuent de surveiller l’évolution de l’efficacité.
Shingrix est-il sûr pour les femmes enceintes ?
Shingrix n’est pas recommandé pendant la grossesse, car il n’y a pas assez de données sur son utilisation chez les femmes enceintes. Si vous êtes enceinte ou que vous envisagez une grossesse, attendez. Une fois le bébé né, vous pouvez vous faire vacciner, même si vous allaitez. Il n’y a pas de risque pour le bébé.