Maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MII) caractérisée par une inflammation segmentaire du tube digestif, souvent la fin de l’iléon ou le côlon. Elle touche environ 0,5% de la population mondiale, provoquant douleurs abdominales, diarrhées sanglantes et perte de poids.
Qu’est‑ce que l’intolérance au gluten ?
Intolérance au gluten désigne une sensibilité non cœliaque au gluten, protéine présente dans le blé, l’orge et le seigle. Elle se manifeste par des troubles gastro‑intestinaux et extra‑intestinaux sans les marqueurs auto‑immuns de la maladie cœliaque. La prévalence serait d’environ 6% en Europe, selon des études récentes.
Pourquoi un lien entre les deux ?
Plusieurs points de convergence expliquent le rapprochement entre maladie de Crohn et intolérance au gluten :
- Microbiote intestinal est souvent déséquilibré dans les deux pathologies, favorisant inflammation et perméabilité accrue.
- Les anticorps antigliadine peuvent être détectés chez certains patients atteints de Crohn, même en l’absence de maladie cœliaque.
- Des facteurs génétiques communs, comme le gène ATG16L1, augmentent la susceptibilité à la fois aux MII et aux réactions au gluten.
Signes à surveiller - symptômes communs et différenciation
Il est essentiel de distinguer les manifestations propres à chaque condition :
Symptôme | Maladie de Crohn | Intolérance au gluten |
---|---|---|
Douleurs abdominales | Oui, souvent en continu | Oui, surtout après les repas contenant du gluten |
Diarrhée sanglante | Fréquente | Rare |
Ballonnements | Courants | Courants |
Fatigue chronique | Oui | Oui |
Éruptions cutanées | Peu fréquentes | Possibles (dermatite herpétiforme) |
Lorsque les douleurs sont localisées à l’iléon et accompagnées de perte de poids rapide, la suspicion de Crohn est plus forte. En revanche, une amélioration rapide après un régime sans gluten pointe davantage vers une sensibilité.
Outils de diagnostic - quelles investigations réaliser ?
Le diagnostic repose sur une combinaison de méthodes :
- Endoscopie digestif avec biopsies : permet de visualiser lésions, sténoses et d’exclure la maladie cœliaque.
- Test sérologique antigliadine : détecte les IgA/IgG contre le gluten, utile pour l’intolérance.
- Imagerie (IRM, scanner) pour évaluer complications (fistules, abcès).
- Analyse du microbiote via séquençage 16S, de plus en plus intégrée en pratique clinique.
Un diagnostic différentiel soigné évite des traitements inadaptés.

Gestion nutritionnelle - le rôle du régime sans gluten
Pour les patients présentant une double affection, le suivi diététique est crucial :
- Éliminer le blé, l’orge et le seigle pendant au moins 6semaines tout en surveillant l’évolution des symptômes.
- Compensation en fibres solubles (son d’avoine sans gluten, psyllium) pour soutenir le microbiote.
- Apporter des sources de fer, calcium et vitamines D, souvent déficientes chez les patients Crohn.
- Consulter un diététicien spécialisé en MII pour éviter les carences.
Des études publiées en 2023 montrent qu’une restriction stricte du gluten réduit les scores d’activité de Crohn (indice CDAI) de 15% chez les patients sensibles.
Traitements médicamenteux et suivi
Le traitement de la maladie de Crohn repose sur des anti‑inflammatoires, des immunosuppresseurs et parfois des agents biologiques (anti‑TNF). Lorsqu’une intolérance coexiste, les médecins peuvent ajuster la dose de corticoïdes, car l’exposition continue au gluten amplifierait l’inflammation.
Le suivi clinique comprend :
- Évaluation trimestrielle des symptômes et du poids.
- Contrôle sanguin des marqueurs inflammatoires (CRP, calprotectine fécale).
- Renouvellement périodique des biopsies endoscopiques.
Tableau comparatif des deux affections
Critère | Maladie de Crohn | Intolérance au gluten |
---|---|---|
Cause principale | Réaction immunitaire anormale du tube digestif | Sensibilité non auto‑immune au gluten |
Diagnostic | Endoscopie + biopsies + imagerie | Test sérologique + régime d’élimination |
Traitement | Anti‑inflammatoires, immunosuppresseurs, biologiques | Régime strict sans gluten |
Prévalence | 0,5% de la population | 6% en Europe |
Complications majeures | Fistules, sténoses, cancer colique | Carences nutritionnelles, fatigue chronique |
Concepts connexes
Outre les entités déjà présentées, plusieurs notions s’interconnectent :
- Facteur environnemental - consommation de protéines animales, tabac, stress.
- Thérapie probiotique - viser à rééquilibrer le microbiote.
- Analyse génétique - recherche de mutations NOD2, ATG16L1.
Explorer ces thèmes ouvre la voie à une prise en charge plus personnalisée.

Foire aux questions
Comment savoir si mes symptômes de Crohn sont aggravés par le gluten ?
Commencez par un régime d’élimination du gluten pendant 6 à 8 semaines. Si les douleurs abdominales, la diarrhée et la fatigue diminuent de façon notable, il est probable que le gluten contribue à l’inflammation. Confirmez avec votre gastro‑entérologue et, si besoin, refaites les tests sérologiques.
Est‑ce que l’intolérance au gluten peut évoluer en maladie cœliaque chez les patients Crohn ?
Les deux conditions partagent des facteurs de risque, mais il n’existe pas de preuve solide d’une progression systématique. Un suivi régulier des anticorps anti‑tTG et des biopsies permet de détecter toute évolution vers la maladie cœliaque.
Quel rôle joue le microbiote dans la relation Crohn‑gluten ?
Un microbiote déséquilibré peut augmenter la perméabilité intestinale, facilitant le passage de peptides de gluten dans la lamina propria et déclenchant une réponse immunitaire. La modulation du microbiote via probiotiques ou régime riche en fibres peut atténuer cette réaction.
Dois‑je éviter tous les produits contenant du blé même si mon test est négatif ?
Pas forcément. Si les tests sérologiques sont négatifs et que vous ne ressentez aucune amélioration avec l’élimination du gluten, il n’est pas nécessaire de supprimer le blé de façon permanente. Consultez votre diététicien pour une approche équilibrée.
Quel suivi médical est recommandé après un diagnostic d’intolérance au gluten chez un patient Crohn ?
Un bilan initial incluant endoscopie, tests sérologiques et évaluation du microbiote est conseillé. Par la suite, un suivi tous les 6 à 12mois avec contrôle des marqueurs inflammatoires, poids et état nutritionnel permet de détecter d’éventuelles rechutes ou carences.