Quand vos reins peinent à filtrer les déchets, le taux de hypocalcémie peut grimper au tableau des urgences. Comprendre pourquoi le calcium chute, comment reconnaître les signaux et quels traitements éviter les complications, c’est ce que vous allez découvrir dans cet article.
Points clés
- L’hypocalcémie fréquente chez les patients en insuffisance rénale chronique (IRC) provient d’un déséquilibre du calcium, du phosphate et de la vitamine D.
- Les symptômes varient de légers (paresthésies) à graves (crises d’épilepsie, arythmies).
- Le diagnostic repose sur le dosage sanguin du calcium total, du calcium corrigé et de la parathormone (PTH).
- Le traitement combine suppléments de calcium, actifs de vitamine D et contrôle du phosphate.
- Un suivi régulier permet de prévenir les complications osseuses et cardiovasculaires.
Qu’est‑ce que l’hypocalcémie?
Hypocalcémie est une diminution du taux de calcium dans le sang en dessous de la norme (généralement < 2,2mmol/L). Le calcium joue un rôle crucial dans la contraction musculaire, la coagulation sanguine et la transmission nerveuse. Quand il chute, le corps envoie rapidement des signaux d’alarme.
L’insuffisance rénale et son impact sur le calcium
Insuffisance rénale décrit la perte progressive de la fonction des reins, mesurée par le taux de filtration glomérulaire (TFG). À partir d’un TFG inférieur à 60mL/min, les reins n’arrivent plus à convertir la vitamine D (précurseur) en sa forme active, la 1,25‑dihydroxyvitamineD, indispensable à l’absorption intestinale du calcium.
Principales causes de l’hypocalcémie chez les patients rénaux
Facteur | Mécanisme | Conséquence clinique |
---|---|---|
Déficit en vitamine D | Conversion rénale réduite | Diminution absorption du calcium |
Hyperphosphatémie | Excès de phosphate lie le calcium | Formation de complexes insolubles, baisse du calcium libre |
Sécrétion accrue de parathormone (PTH) | Réponse à la baisse du calcium | Résistance des tissus cibles, désminéralisation osseuse |
Albuminémie basse | Le calcium total est partiellement lié à l’albumine | Le taux mesuré apparaît faussement bas |
Médicaments (bisphosphonates, cinacalcet) | Inhibition de la résorption osseuse | Réduction du calcium sanguin |

Symptômes à ne pas négliger
Le corps réagit dès que le calcium chute :
- Paresthésies ou fourmillements autour de la bouche et des doigts.
- Spasmes musculaires (tétanie), particulièrement au niveau des mains.
- Crises d’épilepsie lorsqu’une hypocalcémie sévère persiste.
- Palpitations ou arythmies cardiaques détectées à l’électrocardiogramme.
- Calcifications cutanées ou vasculaires à long terme.
Diagnostic : quels examens prescrire?
Un bilan complet permet de distinguer une vraie hypocalcémie d’une pseudo‑hypocalcémie liée à une albuminémie basse.
- Calcium total sérique.
- Calcium corrigé ou ionisé: calcium ionisé reflète la fraction biologiquement active.
- Phosphate sérique.
- Parathormone (PTH) intacte.
- 25‑OH‑vitamineD et 1,25‑OH₂‑vitamineD.
- Albumine sérique pour corriger le calcium total.
Prise en charge : du traitement à la prévention
Le traitement s’articule autour de trois axes:
- Supplémentation en calcium: citrate de calcium ou carbonate, dosage adapté à la tolérance gastrique et à la charge en phosphate.
- Activation de la vitamine D: cholecalciférol (vitamineD3) ou calcifédrol, parfois associé à l’ercalcitriol en fonction du stade de l’IRC.
- Contrôle du phosphate: analogues de phosphate (sevelamer, lanthanum) ou régime pauvre en phosphates pour éviter la formation de complexes calcium‑phosphate.
Dans certains cas, le cinacalcet (agoniste du récepteur de la PTH) est introduit pour réduire la sécrétion de PTH et limiter la résorption osseuse.
Le suivi clinique comprend un contrôle mensuel du calcium ionisé, du phosphate et de la PTH pendant la phase d’ajustement, puis tous les 3 à 6mois une fois la stabilisation atteinte.
Prévention et conseils du quotidien
Adopter quelques habitudes permet de limiter les rechutes:
- Consommer quotidiennement des aliments riches en calcium (produits laitiers, légumes verts à feuilles) tout en évitant les excès de boissons phosphatées.
- Exposition modérée au soleil (15‑20minutes, 2‑3fois/semaine) pour favoriser la synthèse cutanée de la vitamineD.
- Respecter le régime prescrit par le néphrologue: apport en protéines contrôlé, limitation du sel pour protéger la fonction rénale.
- Informer le pharmacien de tout nouveau médicament afin d’éviter les interactions qui abaissent le calcium.

Foire aux questions
Comment différencier une vraie hypocalcémie d’une pseudo‑hypocalcémie?
On mesure d’abord le calcium total puis on le corrige à l’aide du taux d’albumine. Si le calcium corrigé reste bas, le problème est réel. Le dosage du calcium ionisé apporte une confirmation définitive.
Quel est le lien entre la PTH et l’hypocalcémie en insuffisance rénale?
Lorsque le calcium diminue, les glandes parathyroïdes libèrent plus de parathormone. Dans l’IRC, les reins ne répondent pas correctement à la PTH; les os libèrent du calcium, mais le phosphate s’accumule, créant un cercle vicieux qui entretient l’hypocalcémie.
Est‑il sécuritaire de prendre des suppléments de calcium sans ordonnance?
Chez un patient rénal, le calcium doit être dosé avec précaution. Un excès peut entraîner des calcifications vasculaires. Il est essentiel d’obtenir un suivi médical pour ajuster la dose selon les résultats de laboratoire.
Quel rôle joue la vitamine D dans la prévention de l’hypocalcémie?
La forme active de la vitamine D augmente l’absorption intestinale du calcium. En insuffisance rénale, la conversion est altérée, d’où la nécessité d’utiliser des formes actives (calcifédrol, ergocalciférol).
Quels sont les signes d’alerte d’une hypocalcémie sévère?
Crises d’épilepsie, arrêts cardiaques, tétanie généralisée avec spasmes musculaires intenses. Toute suspicion doit conduire à une prise de sang en urgence.
octobre 4, 2025 AT 03:39
Merci pour ce guide, très clair pour les néophytes.