Ginkgo Biloba et anticoagulants : ce qu’il faut savoir sur le risque de saignement
Maxime Dezette 15 décembre 2025 0 Commentaires

Calculateur de risque de saignement avec le ginkgo biloba

Évaluation de votre risque

Ce calculateur vous aide à évaluer votre risque de saignement si vous prenez du ginkgo biloba avec d'autres médicaments. Il est basé sur les informations médicales récentes et les recommandations des professionnels de santé.

Résultats de votre évaluation

Risque faible

Votre risque de saignement est modéré et sous contrôle.

Recommandations :

  • Continuez à prendre votre ginkgo biloba mais surveillez attentivement vos symptômes
  • Consultez votre médecin avant de prendre plus de 240 mg par jour
  • Évitez de prendre du ginkgo 2 à 3 semaines avant toute intervention médicale

Important

Ce calculateur est une aide à l'évaluation, mais ne remplace pas un avis médical professionnel. Consultez toujours votre médecin ou pharmacien avant de prendre du ginkgo biloba avec d'autres médicaments.

Vous prenez un anticoagulant comme la warfarine ou du aspirine tous les jours, et vous avez entendu dire que le ginkgo biloba pourrait améliorer votre mémoire ? Attention. Ce complément populaire, utilisé par plus d’un million d’Américains chaque année, peut augmenter sérieusement votre risque de saignement - même si vous ne le ressentez pas. Et ce n’est pas une hypothèse. Des cas réels ont été documentés : un homme qui a saigné dans l’œil après une semaine de ginkgo avec de l’aspirine, une jeune femme qui a subi une hémorragie cérébrale sans autre médicament que le ginkgo. Ces histoires ne sont pas rares. Elles sont le signe d’un problème sous-estimé.

Comment le ginkgo biloba affecte-t-il la coagulation ?

Le ginkgo biloba contient des composés actifs, principalement des flavonoïdes et des terpènes lactones, qui agissent sur les plaquettes sanguines et les voies de coagulation. Contrairement aux médicaments comme la warfarine, qui ciblent des protéines spécifiques, le ginkgo agit de manière plus diffuse. Il réduit la capacité des plaquettes à s’agglutiner, ce qui ralentit la formation de caillots. C’est ce qu’on appelle un effet anti-agrégant plaquettaire.

Cela peut sembler inoffensif si vous ne saignez pas. Mais quand vous combinez ce complément avec un anticoagulant comme le clopidogrel (Plavix), l’aspirine à faible dose, ou même un anti-inflammatoire comme l’ibuprofène, les effets s’additionnent. Une étude publiée dans PLOS ONE en 2023 a montré que les personnes prenant du ginkgo en même temps que ces médicaments avaient un risque 1,08 fois plus élevé de saignement et 1,49 fois plus élevé d’anomalies dans les tests de coagulation. Ce n’est pas une petite augmentation. C’est une alerte médicale.

Quels médicaments sont les plus dangereux à combiner avec le ginkgo ?

Certains médicaments augmentent le risque bien plus que d’autres. Voici les combinaisons à éviter absolument :

  • Warfarine (Coumadin, Jantoven) : des cas documentés montrent une élévation brutale de l’INR, ce qui signifie que le sang met beaucoup plus de temps à coaguler.
  • Clopidogrel (Plavix) : ce médicament antiplaquettaire, souvent prescrit après un infarctus, double le risque de saignement quand il est pris avec du ginkgo.
  • Aspirine (80-325 mg) : même à faible dose, elle interfère avec la coagulation. Avec le ginkgo, le risque devient significatif.
  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : l’ibuprofène, le naproxène, le célécoxib - tous augmentent le risque de saignement gastrique ou cutané.
  • Omeprazole (Prilosec, Nexium) : bien qu’il soit un inhibiteur de la pompe à protons, il semble modifier la façon dont le ginkgo est métabolisé, augmentant son effet.

Et ce n’est pas tout. Le ginkgo peut aussi réduire l’efficacité de certains antidépresseurs comme la fluoxétine (Prozac), des statines comme le simvastatin (Zocor), ou même des médicaments contre l’épilepsie. Il peut aussi provoquer une hausse dangereuse de la pression artérielle s’il est pris avec des décongestionnants comme la phényléphrine.

Les études se contredisent - que croire ?

Il existe une contradiction apparente dans la littérature scientifique. D’un côté, des cas cliniques et des études observationnelles montrent clairement un lien entre ginkgo et saignements. De l’autre, une étude contrôlée sur l’extract standardisé EGb 761 n’a trouvé aucune inhibition de la coagulation sur 29 paramètres mesurés. Alors, qui a raison ?

La réponse est simple : les deux. L’étude contrôlée a été menée sur des sujets en bonne santé, avec des doses standard (120-240 mg/jour), et pendant une courte période. Elle ne testait pas les interactions avec d’autres médicaments. Les cas réels, eux, concernent des personnes âgées, souvent sous plusieurs traitements, avec des maladies chroniques, et qui prennent le ginkgo depuis des mois ou des années. C’est dans ces conditions que le risque devient réel.

Le NIH (Instituts nationaux de la santé) le dit clairement : la preuve sur l’interaction entre ginkgo et warfarine est encore de « nature incertaine ». Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de risque. Ça signifie qu’on manque encore de données précises. Et dans la pratique médicale, on ne prend pas de risques quand il s’agit de saignements.

Femme hospitalisée avec un cerveau qui saigne, entourée de médicaments qui pointent vers elle comme des avertissements.

Qui ne doit JAMAIS prendre du ginkgo biloba ?

Certains groupes doivent éviter ce complément complètement, sans exception :

  • Les personnes sous anticoagulants ou antiplaquettaire : même à faible dose, le ginkgo peut déclencher un saignement grave.
  • Les personnes âgées de plus de 65 ans : leur foie et leurs reins éliminent moins bien les substances, ce qui augmente la concentration du ginkgo dans le sang.
  • Les femmes enceintes ou allaitantes : les effets sur le fœtus ou le bébé sont inconnus, et le risque de saignement pendant l’accouchement est réel.
  • Les personnes ayant un antécédent de saignement : hémorragie cérébrale, ulcère gastro-intestinal, saignement des gencives fréquents.
  • Les personnes qui doivent subir une chirurgie : même une petite intervention dentaire peut devenir risquée.

Le Mayo Clinic et la Société américaine d’anesthésiologie recommandent de cesser le ginkgo 2 à 3 semaines avant toute chirurgie. Certains chercheurs pensent que 36 heures suffisent, mais pourquoi prendre le risque ? Si vous allez chez le dentiste pour une extraction, ou si vous devez subir une opération du genou, vous ne voulez pas être celui qui saigne trop longtemps.

Comment savoir si votre complément est sûr ?

Le marché des compléments alimentaires n’est pas aussi strictement contrôlé que celui des médicaments. Aux États-Unis, la FDA ne vérifie pas la sécurité ou la pureté des produits avant leur vente. Cela signifie que deux bouteilles de ginkgo biloba, même avec la même dose indiquée, peuvent contenir des quantités très différentes d’ingrédients actifs - ou même des contaminants.

Voici ce que vous devez faire avant d’en prendre :

  1. Consultez votre médecin ou votre pharmacien - même si vous pensez que c’est « naturel ».
  2. Montrez-leur la liste complète de vos médicaments, y compris les vitamines, les herbes, et les suppléments.
  3. Choisissez des produits certifiés par des laboratoires indépendants comme USP ou NSF.
  4. Évitez les produits qui ne mentionnent pas la teneur en flavonoïdes et terpènes lactones (les composés actifs).
  5. Ne prenez jamais plus de 240 mg par jour - c’est la dose maximale étudiée, et même celle-ci peut poser problème si vous êtes sous anticoagulants.

Et surtout : ne mangez jamais les graines de ginkgo, ni crues ni grillées. Elles contiennent une toxine appelée ginkgotoxin, qui peut provoquer des convulsions, des vomissements, et même des troubles neurologiques.

Deux bouteilles de ginkgo comparées : l'une sûre, l'autre toxique, dans un pharmacie en style cartoon vintage.

Que faire si vous avez déjà pris du ginkgo avec un anticoagulant ?

Si vous avez pris du ginkgo biloba en même temps qu’un anticoagulant, et que vous remarquez :

  • Des ecchymoses inexpliquées sur la peau
  • Des saignements de nez fréquents ou prolongés
  • Des gencives qui saignent en vous brossant les dents
  • Des selles noires ou sanglantes
  • Des maux de tête soudains ou une vision floue

Arrêtez immédiatement le ginkgo et contactez votre médecin. Un simple test de coagulation (INR, temps de prothrombine) peut révéler un danger avant qu’il ne devienne critique.

Si vous avez commencé le ginkgo il y a moins de 48 heures, il est encore temps d’agir. Si c’est depuis plusieurs semaines, votre médecin devra surveiller votre sang pendant plusieurs jours, même si vous vous sentez bien. Les saignements ne se produisent pas toujours avec des symptômes immédiats.

Les alternatives au ginkgo pour la mémoire

Si vous prenez du ginkgo pour améliorer votre mémoire ou votre concentration, sachez qu’il n’existe aucune preuve solide qu’il fonctionne. Des études de grande envergure, comme celles du NIH, n’ont trouvé aucun bénéfice significatif sur la cognition chez les personnes âgées.

Voici des alternatives réellement efficaces et sans risque de saignement :

  • Activité physique régulière : 30 minutes de marche rapide par jour améliorent la circulation cérébrale et la mémoire.
  • Sommeil de qualité : un sommeil profond permet au cerveau de consolider les souvenirs.
  • Alimentation riche en oméga-3 : poissons gras, noix, graines de lin - des nutriments prouvés pour soutenir la santé neuronale.
  • Formation cognitive : jeux de mémoire, lectures, apprentissage d’une langue étrangère - stimulent le cerveau sans danger.

Il n’y a pas besoin de prendre un complément pour protéger votre cerveau. Vous avez déjà les outils en main.

Le ginkgo biloba peut-il provoquer un saignement même sans anticoagulant ?

Oui. Des cas documentés montrent des hémorragies cérébrales chez des personnes qui ne prenaient aucun médicament anticoagulant, mais qui prenaient du ginkgo biloba depuis plusieurs mois. Le risque est plus faible que lorsqu’il est combiné à un anticoagulant, mais il existe. Les personnes âgées, celles ayant des vaisseaux fragiles, ou un historique de saignements sont particulièrement vulnérables.

Combien de temps faut-il pour que le ginkgo biloba soit éliminé de l’organisme ?

Les composants actifs du ginkgo biloba ont une demi-vie d’environ 6 à 8 heures, ce qui signifie qu’ils sont majoritairement éliminés en 24 à 48 heures. Cependant, les effets sur les plaquettes peuvent durer plus longtemps - jusqu’à 72 heures chez certaines personnes. C’est pourquoi les médecins recommandent d’arrêter le ginkgo au moins 2 semaines avant une chirurgie, pour être sûr que la coagulation revienne à la normale.

Les compléments à base de ginkgo sont-ils plus sûrs que les extraits standardisés ?

Non. En fait, c’est l’inverse. Les compléments non standardisés contiennent des quantités variables d’ingrédients actifs. Certains peuvent en contenir trop, d’autres trop peu. Les extraits standardisés comme l’EGb 761 (24 % de flavonoïdes et 6 % de terpènes lactones) sont les seuls à avoir été étudiés dans des essais cliniques. Les autres produits ne sont pas fiables et peuvent augmenter le risque sans vous en avertir.

Puis-je reprendre le ginkgo après une chirurgie ?

Ne le reprenez pas sans l’accord de votre médecin. Après une chirurgie, votre corps est encore en phase de guérison, et vos niveaux de coagulation peuvent être instables. Même si vous vous sentez bien, un saignement post-opératoire peut survenir des jours après l’intervention. Votre médecin doit évaluer votre état de coagulation avant de vous autoriser à reprendre tout complément.

Le ginkgo biloba est-il dangereux pour les personnes atteintes de diabète ?

Oui. Le ginkgo peut réduire l’efficacité des médicaments contre le diabète, comme la metformine ou les sulfamides. Il peut aussi provoquer des baisses de glycémie inattendues, surtout chez les personnes âgées. Si vous êtes diabétique, évitez le ginkgo ou surveillez votre glycémie de près si vous le prenez - mais mieux vaut l’éviter.