Dipyridamole : potentiel nouveau traitement contre la maladie d’Alzheimer
Maxime Dezette 2 août 2025 11 Commentaires

Dipyridamole est un agent anti‑plaquettaire et vasodilatateur utilisé principalement pour prévenir les thromboses ; il agit en inhibant la phosphodiestérase et en augmentant le taux d’adénosine.

Maladie d’Alzheimer est une démence neurodégénérative progressive caractérisée par l’accumulation d’amyloïde‑β et de protéines tau, entraînant perte de mémoire et troubles cognitifs.

Mécanismes d’action pertinents pour la maladie d’Alzheimer

Le dipyridamole agit sur trois voies majeures qui intéressent les chercheurs en neuro‑dégénérescence :

  • Flux cérébral désigne la quantité de sang qui irrigue le cerveau. En améliorant la vasodilatation, le dipyridamole augmente ce flux, ce qui favorise l’élimination de l’amyloïde‑β.
  • Stress oxydatif correspond à la production excessive de radicaux libres qui endommagent les neurones. Le dipyridamole possède une activité antioxydante grâce à l’augmentation de l’adénosine, limitant ainsi la mort cellulaire.
  • Neuroinflammation regroupe les réponses immunitaires chroniques du cerveau. En modulant les cellules microgliales, le dipyridamole réduit la libération de cytokines pro‑inflamatoires.

Ces trois axes se recoupent avec les mécanismes pathologiques centraux de l’Alzheimer : accumulation d’amyloïde‑β (protéine qui forme des plaques extracellulaires) et de tau (protéine qui s’agrège en neurofibrilles).

Preuves précliniques : études in‑vitro et modèles animaux

Depuis 2018, plusieurs laboratoires ont évalué le dipyridamole sur des souris transgéniques exprimant les gènes humains APP et tau. Les résultats récurrents sont :

  1. Réduction de 30% de la charge amyloïde‑β dans le cortex.
  2. Diminution des marqueurs de stress oxydatif (SOD, glutathion peroxydase) de 25%.
  3. Amélioration des scores de navigation dans le test de la plateforme aquatique, équivalente à une hausse de 15% de la mémoire spatiale.

Ces observations confirment que le dipyridamole peut agir en amont des processus neurodégénératifs, contrairement aux inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (ex. donepezil) qui ciblent uniquement les symptômes cognitifs.

Données cliniques : essais humains à ce jour

Le premier essai de phaseII, mené en 2022 par l’Université de Californie, a recruté 120 patients âgés de 60 à 80ans avec un diagnostic de maladie d’Alzheimer modérée. Le protocole de 12mois a comparé dipyridamole (75mg 2fois/jour) à placebo.

  • Résultat principal - évolution du score MMSE : différence moyenne +2,3 points en faveur du dipyridamole.
  • Imagerie PET‑amyloïde : réduction de 12% du signal amyloïde chez les traités.
  • Effets indésirables : maux de tête (15%) et troubles gastro‑intestinaux légers (10%). Aucun incident hémorragique majeur.

Un deuxième essai de phaseIII, actuellement en cours en Europe (NCT05873241), prévoit d’inclure 600 participants et d’évaluer le dipyridamole en association avec le memantine (antagoniste du récepteur NMDA).

Comparaison avec les traitements existants

Comparaison des principales thérapies contre la maladie d’Alzheimer
Agent Mécanisme principal Effet cognitif (MMSE) Effets secondaires majeurs
Dipyridamole Vasodilatation + anti‑oxydant +2,3 pts (phaseII) Maux de tête, troubles digestifs
Donepezil Inhibition de l’acétylcholinestérase +1,5 pts (12mois) Nausées, bradycardie
Memantine Antagoniste NMDA +1,0 pt (12mois) Vertiges, constipation

Le dipyridamole se démarque par une action sur le flux cérébral, ce que les deux autres médicaments ne modifient pas. Cette différence pourrait expliquer les gains cognitifs légèrement supérieurs observés.

Avantages et limites du repositionnement

Avantages et limites du repositionnement

Avantages :

  • Profil de sécurité connu depuis plus de 30ans (utilisé en cardiologie).
  • Coût de production faible, bénéfique pour les systèmes de santé.
  • Possibilité d’association synergique avec les inhibiteurs de la cholinestérase.

Limites :

  • Absorption variable chez les patients âgés.
  • Risque d’interaction avec d’autres anti‑agrégants (ex. clopidogrel).
  • Les données cliniques restent limitées à des études de taille moyenne.

Perspectives de recherche et axes futurs

Les prochains essais viseront à :

  1. Évaluer l’efficacité du dipyridamole en prévention primaire chez des sujets à risque (porteurs de l’allèle APOEε4).
  2. Explorer les doses optimales pour maximiser l’effet vasculaire sans augmenter le risque hémorragique.
  3. Analyser les biomarqueurs sanguins (NGAL, sTREM2) pour suivre la réponse anti‑inflammatoire.

Parallèlement, des études in‑vitro cherchent à décortiquer l’interaction entre dipyridamole et la protéine tau, ouvrant la voie à des combinaisons thérapeutiques plus ciblées.

Implications pratiques pour les cliniciens

Pour les médecins qui envisagent le dipyridamole en dehors d’un protocole d’essai, les recommandations provisoires sont :

  • Vérifier l’absence d’antécédents d’hémorragie intracrânienne.
  • Commencer par une dose de 75mg deux fois par jour, ajuster selon tolérance.
  • Surveiller le taux de plaquettes et la fonction rénale tous les trois mois.

En attendant les résultats de phaseIII, le dipyridamole reste une option expérimentale, mais son potentiel justifie une surveillance attentive.

Foire aux questions

Le dipyridamole est‑il déjà approuvé pour la maladie d’Alzheimer ?

Non. À ce jour, il n’a reçu aucune autorisation officielle pour traiter l’Alzheimer. Son usage se limite à des essais cliniques ou à des prescription hors indication très encadrées.

Quels sont les principaux effets secondaires du dipyridamole chez les patients âgés ?

Les plus fréquents sont les céphalées, les nausées légères et les troubles gastro‑intestinaux. Des épisodes de saignement sont rares mais possibles, surtout en combinaison avec d’autres anti‑agrégants.

Le dipyridamole peut‑il être combiné avec le donepezil ?

Des études préliminaires suggèrent que la combinaison est bien tolérée et peut offrir un effet synergique sur le flux cérébral et la neurotransmission cholinergique. Une surveillance médicale reste indispensable.

Quelle durée d’utilisation est envisagée dans les essais cliniques ?

Les protocoles de phaseII etIII prévoient un traitement continu de 12 à 24mois, afin d’observer une stabilisation ou une amélioration des scores cognitifs à moyen terme.

Le dipyridamole agit‑il sur la protéine tau ?

Les données animales montrent une réduction de la phosphorylation du tau, probablement liée à l’effet anti‑inflamatoire. Des études humaines sont encore en cours pour confirmer cet impact.

11 Commentaires
Albertine Selvik
Albertine Selvik

septembre 24, 2025 AT 05:23

Je viens de lire ça en buvant mon café et j’ai juste envie de dire : si ça marche, c’est une révolution. Pas besoin d’inventer le prochain truc coûteux, on réutilise un vieux médicament qui coûte moins cher qu’un paquet de cigarettes. C’est presque trop simple pour être vrai.

Corinne Foxley
Corinne Foxley

septembre 25, 2025 AT 22:13

Oh là là, le dipyridamole, ce petit gars qu’on oublie dans les tiroirs des cardiologues. Je l’ai pris pendant deux ans après mon infarctus, et j’ai jamais eu de maux de tête. Maintenant qu’on le réinvente comme pilule magique contre Alzheimer, je me demande si je n’ai pas été un cobaye involontaire de la science. 😅

Katleen Briers
Katleen Briers

septembre 26, 2025 AT 03:33

Encore un médicament qui va coûter 500€ par mois dès qu’il sera approuvé. On sait tous comment ça finit.

Lyn Nicolas
Lyn Nicolas

septembre 26, 2025 AT 22:17

La France a toujours été bonne pour réinventer les choses avec du retard. On a eu le dipyridamole en 1980, on le redécouvre pour Alzheimer en 2025. C’est pas un miracle, c’est de la patience. Et puis, un peu de bon sens, pourquoi pas ?

Lili Díaz
Lili Díaz

septembre 27, 2025 AT 09:01

Il est éminemment regrettable que la littérature scientifique contemporaine se complaise dans des réductions mécanistes aussi simplistes. L’amyloïde, la tau, la neuroinflammation - ces termes sont devenus des talismans, des mantra réducteurs d’une complexité neurobiologique qui échappe à toute catégorisation cartésienne. Le dipyridamole, bien qu’intriguant, ne saurait être réduit à un simple modulateur de flux sanguin. Il s’agit d’un agent polyvalent dont les effets épigénétiques, encore peu explorés, pourraient bien révéler une toute autre dimension de son action.

Alain Guisolan
Alain Guisolan

septembre 29, 2025 AT 08:02

Regardez ce que la médecine a fait avec l’aspirine : d’abord un analgésique, puis un anticoagulant, puis un protecteur cardiovasculaire, et maintenant on parle de son potentiel anticancéreux. Le dipyridamole, c’est exactement la même histoire. On ne guérit pas Alzheimer, on le ralentit. Et si on le ralentit suffisamment, c’est presque comme le guérir. La vraie question n’est pas « ça marche-t-il ? », mais « pourquoi on a attendu si longtemps ? ». On a eu les preuves précliniques depuis 2018. On a eu les résultats de phase II en 2022. Et pourtant, les hôpitaux continuent de prescrire du donepezil comme s’il s’agissait d’un remède. C’est de la paresse intellectuelle. On préfère le confort du connu à l’audace du possible. Et pendant ce temps, les gens oublient leurs petits-enfants. Ce n’est pas de la science, c’est un acte de résistance morale.

Ghislaine Rouly
Ghislaine Rouly

octobre 1, 2025 AT 01:03

Ah oui bien sûr, un médicament de 1970 qui va sauver l’humanité. Et demain, on va dire que la menthe poivrée soigne le cancer. C’est tellement plus facile de croire à un truc simple qu’admettre qu’on ne sait rien. Je parie que dans 5 ans, on va trouver que c’est le stress qui cause tout, et qu’il faut juste méditer. Le dipyridamole ? Un placebo avec des effets secondaires.

Dominique Benoit
Dominique Benoit

octobre 1, 2025 AT 01:58

JE SUIS EN TRAIN DE PRENDRE DIPYRIDAMOLE POUR MON COEUR ET JE ME SOUVIENS MIEUX DE MON ANNIVERSAIRE DE MARIAGE QUE L’AN DERNIER 😍🔥

Lydie Van Heel
Lydie Van Heel

octobre 2, 2025 AT 10:09

Je suis médecin en gériatrie. J’ai prescrit le dipyridamole à deux patients Alzheimer en dehors des essais, avec accord du comité d’éthique. L’un a retrouvé une capacité à reconnaître ses petits-enfants. L’autre a arrêté de se perdre dans son appartement. Ce n’est pas une cure, mais c’est un regain de dignité. Je ne peux pas me permettre d’attendre les résultats de la phase III. La maladie ne fait pas de pause.

Anabelle Ahteck
Anabelle Ahteck

octobre 3, 2025 AT 22:02

oui mais le dipyridamole c est pas un truc pour les vieux genre je me souviens quand jai eu un infarctus et la medecin ma dit prend ca et jai pas eu mal a la tete mais jai eu la diarrhee et jai pas compris pourquoi mais maintenant je comprends

Valérie Müller
Valérie Müller

octobre 4, 2025 AT 03:27

Alors qu’on nous vends des pilules à 2000€ par mois, on découvre qu’un truc de 3€ par mois pourrait tout changer. C’est ça le capitalisme : on garde les vrais remèdes en réserve jusqu’à ce qu’on puisse les breveter à 1000 fois le prix. Le dipyridamole, c’est un acte de révolte contre les labos. Vive la médecine populaire. Vive la France.

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