Casodex (Bicalutamide) vs alternatives : quel traitement pour le cancer de la prostate ?
Maxime Dezette 28 octobre 2025 3 Commentaires

Le cancer de la prostate est l’un des cancers les plus fréquents chez les hommes, surtout après 65 ans. Quand le traitement hormonal est recommandé, le Casodex (bicalutamide) est souvent prescrit. Mais ce n’est pas le seul médicament disponible. D’autres options existent, avec des effets, des coûts et des effets secondaires différents. Alors, pourquoi choisir Casodex ? Et quand préférer une alternative ?

Comment fonctionne le Casodex ?

Le Casodex contient du bicalutamide, un anti-androgène. Il bloque les récepteurs de la testostérone dans les cellules cancéreuses de la prostate. Sans cette hormone, les tumeurs ralentissent ou régressent. Contrairement à d’autres traitements, le Casodex ne diminue pas la production de testostérone par les testicules. Il agit uniquement en bloquant son action. Cela signifie qu’il est souvent utilisé en combinaison avec un traitement qui réduit la testostérone, comme les analogues de la GnRH (par exemple, le leuprolide ou le goseréline).

Le Casodex est pris en comprimés, une fois par jour. Les effets commencent en quelques semaines. Il est utilisé pour les cancers localisés ou avancés, souvent après une chirurgie ou une radiothérapie. Il n’est pas un traitement curatif, mais il permet de contrôler la maladie pendant plusieurs années.

Les principales alternatives au Casodex

Plusieurs autres médicaments peuvent remplacer ou compléter le Casodex. Voici les trois principales alternatives, avec leurs différences clés.

1. Enzalutamide (Xtandi)

L’enzalutamide est un anti-androgène de nouvelle génération. Contrairement au bicalutamide, il bloque non seulement les récepteurs de la testostérone, mais aussi leur transport dans la cellule et leur activité même après liaison. Cela le rend plus puissant. Il est souvent utilisé quand le Casodex ne fonctionne plus ou quand la maladie est déjà avancée.

Des études montrent que l’enzalutamide prolonge la survie de 5 à 7 mois de plus que le bicalutamide chez les patients avec cancer métastatique. Il est aussi plus efficace pour retarder la progression de la maladie. Mais il a plus d’effets secondaires : fatigue, vertiges, risque accru de convulsions (très rare, mais à surveiller), et parfois des troubles de l’humeur.

2. Apalutamide (Erleada)

L’apalutamide est un autre anti-androgène de deuxième génération. Il est approuvé pour les cancers non métastatiques à haut risque de propagation. C’est une option quand le cancer n’a pas encore atteint d’autres organes, mais qu’il est agressif. Le Casodex n’est pas recommandé dans ce cas précis.

Une étude publiée en 2018 a montré que l’apalutamide réduit de 72 % le risque de métastase chez les patients à haut risque. Il est pris une fois par jour, comme le Casodex. Les effets secondaires incluent fatigue, éruption cutanée, hypertension et perte de poids. Il est plus cher que le bicalutamide, mais souvent remboursé dans les cas d’indication précise.

3. Spironolactone et flutamide

Le flutamide est un ancien anti-androgène, utilisé dans les années 1990. Il est moins efficace que le Casodex et a plus d’effets secondaires digestifs (diarrhée, nausées) et hépatiques. Il est rarement prescrit aujourd’hui, sauf en cas d’intolérance ou de manque de disponibilité.

La spironolactone est un diurétique utilisé aussi comme anti-androgène, surtout chez les femmes. Chez les hommes, elle peut réduire la testostérone, mais elle n’est pas efficace comme traitement principal du cancer de la prostate. Elle est parfois utilisée pour gérer les effets secondaires hormonaux, comme la gynécomastie, mais pas comme alternative au Casodex pour traiter la tumeur.

Comparaison directe : Casodex vs alternatives

Comparaison des traitements anti-androgènes pour le cancer de la prostate
Médicament Génération Effet sur la progression Effets secondaires majeurs Prix estimé (mensuel) Utilisation typique
Casodex (bicalutamide) 1ère Modéré Gynécomastie, fatigue, bouffées de chaleur 25 - 40 € Cancer localisé ou avancé, en association
Enzalutamide (Xtandi) 2nde Élevé Vertiges, fatigue, risque de convulsions 3 000 - 3 500 € Cancer métastatique, après échec du Casodex
Apalutamide (Erleada) 2nde Élevé Éruption cutanée, hypertension, perte de poids 2 800 - 3 200 € Cancer non métastatique à haut risque
Flutamide 1ère Faible Diarrhée, lésions hépatiques 15 - 25 € Obsolète, peu utilisé

Le Casodex reste un choix fiable et peu coûteux pour les patients avec un cancer de la prostate en stade précoce ou avancé, surtout s’ils ne présentent pas de facteurs de risque élevés. Mais si la maladie progresse malgré le Casodex, ou si elle est déjà très agressive, les alternatives comme l’enzalutamide ou l’apalutamide sont nettement supérieures.

Trois bouteilles de médicaments comparées sur un bureau médical avec des symboles visuels.

Quand choisir le Casodex ?

Le Casodex est idéal dans trois cas :

  • Quand le traitement hormonal doit commencer rapidement, et que le budget est limité.
  • Quand le patient a des problèmes de santé associés (comme des troubles neurologiques) qui rendent les anti-androgènes de deuxième génération trop risqués.
  • Quand il est utilisé en association avec un traitement qui réduit la testostérone - c’est la combinaison la plus courante en pratique.

Il est aussi souvent choisi pour les patients âgés ou fragiles, car ses effets secondaires sont généralement plus doux que ceux des traitements plus puissants.

Quand éviter le Casodex ?

Le Casodex n’est pas la meilleure option si :

  • Le cancer est déjà métastatique et agressif - les anti-androgènes de deuxième génération sont plus efficaces.
  • Le patient a déjà eu une progression de la maladie sous Casodex - il devient alors inefficace.
  • Les effets secondaires comme la gynécomastie (développement des seins) sont inacceptables - certains patients préfèrent des alternatives avec moins d’effets hormonaux visibles.

La gynécomastie touche jusqu’à 60 % des hommes sous Casodex. Elle peut être gérée avec un traitement à faible dose de radiothérapie mammaire ou avec des médicaments comme le tamoxifène, mais elle reste un problème psychologique majeur pour beaucoup.

Homme sur un tapis roulant médical avec des traitements en progression contre le cancer.

Autres options : chirurgie, chimiothérapie, nouvelles thérapies

Le Casodex et ses alternatives ne sont pas les seules armes contre le cancer de la prostate. La chirurgie (prostatectomie) ou la radiothérapie peuvent être curatives dans les stades précoces. La chimiothérapie (docétaxel) est utilisée quand les traitements hormonaux échouent. De nouvelles thérapies comme le radium-223 (pour les métastases osseuses) ou les traitements ciblés (PARP inhibitors) sont aussi disponibles, mais uniquement pour les cas avancés et après échec des anti-androgènes.

Il n’y a pas de « meilleur » traitement universel. Le choix dépend de l’âge, de l’état de santé, du stade du cancer, des effets secondaires tolérés, et du budget. Dans les hôpitaux français, les médecins utilisent souvent un algorithme : Casodex en première ligne, puis enzalutamide ou apalutamide si besoin.

Que faire si le Casodex ne marche plus ?

Si la maladie progresse malgré le Casodex, c’est qu’elle est devenue « résistante ». Ce n’est pas une fin. Cela signifie simplement qu’il faut changer de stratégie. Les options incluent :

  • Passer à un anti-androgène de deuxième génération (enzalutamide, apalutamide).
  • Utiliser un traitement qui réduit la production de testostérone plus efficacement (comme l’abiratérone, souvent combiné à la prednisone).
  • Passer à la chimiothérapie ou à des thérapies ciblées selon les mutations génétiques de la tumeur.

Des tests génétiques sur la tumeur sont maintenant recommandés pour guider ces décisions. Ils permettent de savoir si des traitements comme les inhibiteurs PARP (olaparib, rucaparib) pourraient être efficaces.

Conclusion : Casodex, un pilier, mais pas la seule solution

Le Casodex a été pendant des années le traitement de référence pour le cancer de la prostate. Il est sûr, efficace, et abordable. Mais la médecine a progressé. Aujourd’hui, les anti-androgènes de deuxième génération offrent de meilleures chances de survie, surtout pour les formes plus graves.

Le bon traitement n’est pas celui qui est le plus connu, mais celui qui correspond à votre situation. Parlez à votre oncologue de vos objectifs : voulez-vous éviter les effets secondaires ? Préférez-vous un traitement moins cher ? Ou avez-vous besoin de la meilleure efficacité possible ?

Il n’y a pas de honte à commencer avec le Casodex. Mais il faut savoir qu’il existe des options plus puissantes si la maladie évolue. La clé, c’est de surveiller régulièrement l’efficacité du traitement et de ne pas attendre qu’il échoue complètement avant de changer de stratégie.

Le Casodex peut-il causer une impuissance ?

Oui, le Casodex peut provoquer une baisse de la libido et des troubles érectiles, car il bloque les effets de la testostérone. Ces effets sont courants, mais pas toujours permanents. Ils s’atténuent souvent après l’arrêt du traitement. Des traitements comme le sildénafil peuvent aider à gérer ce problème.

Le Casodex est-il remboursé en France ?

Oui, le Casodex est entièrement remboursé par la Sécurité sociale en France pour le traitement du cancer de la prostate, à condition d’être prescrit dans les indications approuvées. Le remboursement est de 100 % dans le cadre des Affections de Longue Durée (ALD).

Puis-je prendre du Casodex sans traitement de réduction de testostérone ?

Techniquement, oui, mais ce n’est pas recommandé. Le Casodex seul peut provoquer une augmentation de la testostérone par rétroaction du corps, ce qui peut stimuler la croissance de la tumeur. Il est prescrit en association avec un traitement qui réduit la production de testostérone (analogues de la GnRH).

Quelle est la différence entre le Casodex et l’abiratérone ?

Le Casodex bloque la testostérone au niveau des cellules, tandis que l’abiratérone réduit sa production dans tout le corps, y compris dans la tumeur elle-même. L’abiratérone est plus puissante, mais elle doit être prise avec de la prednisone et peut causer des troubles électrolytiques et de l’hypertension. Elle est généralement utilisée après l’échec du Casodex.

Le Casodex affecte-t-il la fertilité ?

Oui, le Casodex réduit la production de spermatozoïdes et peut entraîner une stérilité temporaire ou permanente. Si la fertilité est un souci, il est recommandé de congeler du sperme avant de commencer le traitement.

Si vous ou un proche êtes sous Casodex, suivez les examens réguliers : dosages de la PSA, échographies, et bilans sanguins. Ces contrôles permettent de détecter rapidement si le traitement perd de son efficacité. Ne tardez pas à en parler à votre médecin - les alternatives existent, et elles peuvent faire toute la différence.

3 Commentaires
Neil Mason
Neil Mason

octobre 28, 2025 AT 21:02

Je suis au Canada et on utilise aussi le Casodex ici, mais les gens parlent beaucoup plus de Xtandi maintenant. J'ai un oncle qui a pris les deux, et il dit que le Casodex, c'est comme un vieux jean confortable, mais Xtandi, c'est le nouveau modèle qui te sauve la vie. Pas de blabla, juste efficace.

Kika Armata
Kika Armata

octobre 29, 2025 AT 04:33

Il est intéressant de constater que la plupart des discussions sur le Casodex ignorent totalement les implications épigénétiques de la blocage des récepteurs androgéniques à long terme - un phénomène qui, selon les travaux de Smith et al. (2021), pourrait induire une réprogrammation transcriptionnelle des cellules cancéreuses, rendant la résistance non seulement probable, mais biologiquement inévitable. La littérature clinique actuelle est tragiquement réductrice.

Rebecca Breslin
Rebecca Breslin

octobre 30, 2025 AT 21:24

Je suis infirmière en oncologie et je vois ça tous les jours. Le Casodex, c’est le premier choix parce que c’est bon marché, mais dès que le patient a un peu de mal à marcher ou qu’il commence à avoir des étourdissements, on passe à l’enzalutamide. Point final. Les gens pensent que c’est juste un médicament, mais non, c’est une stratégie de survie.

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