Après une intervention orthopédique, la douleur peut rapidement devenir l’obstacle principal à une bonne convalescence. Entre le confort du patient et la prévention des complications, le choix du traitement analgésique est décisif. Parmi les options, le Ketorolac Tromethamine est un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) très puissant, souvent prescrit pour contrôler la douleur aiguë post‑chirurgicale. Cet article décortique comment il agit, pourquoi les chirurgiens l’emploient, et quels pièges éviter pour optimiser la récupération.
Points clés
- Le Ketorolac offre un soulagement de la douleur comparable à celui de la morphine, sans les effets respiratoires.
- Il agit rapidement, généralement en 30minutes, et sa durée d’action couvre 4‑6heures.
- Son utilisation doit rester courte (max 5jours) pour limiter les risques rénaux et gastro‑intestinales.
- Une surveillance de la fonction rénale et de la coagulation est indispensable chez les patients à risque.
- Le choisir, c’est souvent privilégier une récupération plus rapide et une moindre dépendance aux opioïdes.
Qu’est‑ce que le Ketorolac Trométhamine?
Le Ketorolac appartient à la famille des AINS, mais il se distingue par son puissant effet analgésique. Il inhibe les enzymes cyclo‑oxygénases (COX‑1 et COX‑2), réduisant ainsi la production de prostaglandines, responsables de la douleur et de l’inflammation. administré par voie intraveineuse ou intramusculaire, il atteint des concentrations thérapeutiques rapides, ce qui le rend idéal en salle d’opération et en salle de réveil.
En comparaison, les AINS classiques comme l’Ibuprofène ou le Diclofénac ont une action plus modérée, adaptée aux douleurs légères à modérées. Le Ketorolac, en revanche, se place entre les AINS ordinaires et les opioïdes en termes d’intensité.
Pourquoi les chirurgiens orthopédiques l’utilisent‑il?
Dans le cadre d’une chirurgie du genou, de la hanche ou d’une fixation fracturaire, la douleur post‑opératoire peut limiter la mobilisation précoce. Le Ketorolac permet:
- De réduire le score de douleur (échelle NRS) de 3 à 4 points en moyenne dès la première heure.
- De diminuer la consommation d’opioïdes de 30% à 50% chez les patients Chirurgie orthopédique.
- De faciliter le respect des protocoles de rééducation précoce, essentiels pour éviter les raideurs articulaires.
Cette réduction de l’exposition aux opioïdes contribue également à limiter les effets indésirables comme la constipation, la somnolence ou le risque de dépendance.

Comparaison avec d’autres analgésiques
Analgesique | Efficacité (score NRS) | Durée d’action | Risques majeurs |
---|---|---|---|
Ketorolac Tromethamine | ‑3 à ‑4 points | 4‑6h | Insuffisance rénale, saignements gastriques |
Ibuprofène | ‑1 à ‑2 points | 6‑8h | Gastrite, insuffisance rénale (moins prononcé) |
Diclofénac | ‑2 à ‑3 points | 6‑12h | Risque hépatique, gastrique |
Morphine | ‑4 à ‑5 points | 3‑4h | Dépression respiratoire, dépendance |
Le tableau montre que le Ketorolac combine une forte efficacité avec une durée d’action décente, tout en restant moins risqué que la morphine sur le plan respiratoire. Cependant, il impose une vigilance accrue sur la fonction rénale.
Posologie et mode d’administration
En pratique, la posologie standard est de 30mg toutes les 6heures, par voie intraveineuse ou intramusculaire. La dose maximale quotidienne ne doit pas dépasser 120mg. Chez les patients de plus de 65ans ou présentant une fonction rénale réduite (clairance < 60ml/min), la dose initiale est souvent réduite à 15mg et la surveillance devient quotidienne.
Après 48heures, la transition vers un AINS oral de moindre puissance (ibuprofène 400mg 3fois/j) ou vers le paracétamol (1g 4fois/j) est recommandée pour poursuivre le contrôle de la douleur tout en limitant les effets indésirables.

Effets secondaires et précautions
Les complications les plus fréquentes sont:
- Gastro‑intestinales: ulcères, hémorragies. Un anti‑ulcéreux prophylactique (ex. oméprazole) est souvent prescrit.
- Rénaux: diminution du débit de filtration glomérulaire. Les patients avec antécédents d’insuffisance rénale ou de déshydratation doivent être exclus.
- Hémorragiques: inhibition de l’agrégation plaquettaire, à surveiller chez les patients sous anticoagulants.
Les contre‑indications absolues comprennent les antécédents d’allergie au Ketorolac, une ulcération gastrique active, et une insuffisance rénale sévère (clairance < 30ml/min).
Conseils pratiques pour optimiser la récupération
- Planifier la sortie du bloc opératoire: administrer la première dose dès l’arrivée en salle de réveil pour anticiper la première vague de douleur.
- Associer une analgésie multimodale: associer le Ketorolac à du paracétamol et, si besoin, à une dose ponctuelle d’opioïde (ex. hydromorphone) pour les douleurs rebelles.
- Hydrater le patient abondamment: au moins 2L de liquide pendant les premiers 24h pour protéger les reins.
- Surveiller les paramètres biologiques: créatinine, débit de filtration, et numération plaquettaire tous les deux jours pendant le traitement.
- Commencer la rééducation dès 24h: le soulagement rapide permet aux kinésithérapeutes d’initier des mouvements passifs, puis actifs, réduisant ainsi le risque de raideur.
En suivant ces bonnes pratiques, le patient profite d’une réduction nette de la douleur, d’une moindre utilisation d’opioïdes, et d’une reprise plus précoce de la mobilité.
FAQ
Le Ketorolac peut‑il être utilisé chez les patients diabétiques?
Oui, mais avec prudence. Le diabète augmente le risque de néphropathie, donc la fonction rénale doit être contrôlée avant chaque dose et la durée du traitement limitée à 48‑72heures.
Quel est le délai d’arrêt avant une chirurgie élective si le patient a reçu du Ketorolac?
Il faut généralement attendre 24heures après la dernière dose avant d’envisager une anesthésie générale, afin de réduire le risque d’hémorragie.
Peut‑on combiner le Ketorolac avec du paracétamol?
Oui, la combinaison est courante et renforce l’effet analgésique tout en limitant les doses d’AINS. Il faut cependant surveiller la fonction hépatique à cause du paracétamol.
Quels sont les signes précoces de toxicité rénale à surveiller?
Diminution du débit urinaire, augmentation de la créatinine sérique, œdème périphérique. Un contrôle quotidien pendant le traitement permet d’interrompre le médicament dès les premiers signes.
Le Ketorolac est‑il efficace pour les patients âgés de plus de 80ans?
Il peut être utilisé, mais à dose réduite (15mg toutes les 8h) et avec une surveillance stricte des reins et du système digestif. Souvent on privilégie le paracétamol associé à un AINS de moindre puissance.
octobre 17, 2025 AT 18:56
Le Ketorolac, en bolus intra‑veineux, déclenche rapidement un soulagement qui favorise la première séance de kiné, surtout chez les patients jeunes et actifs.